Libreville !
Libreville !
Texte : Corinne Sipamio-Berre - Photos : Yvan Pictures
Libreville, capitale politique et administrative du Gabon dans l’estuaire du Komo, a connu une évolution tout le long de son histoire. Sa situation sur le bord de l’océan Atlantique a favorisé l’installation des Européens et le développement du commerce avec le nouveau monde. Au fil des années, aux quartiers populaires, et aux infrastructures héritées de l’époque coloniale, se sont ajoutés des bâtiments plus modernes. Son potentiel naturel en fait un lieu d’évasion et de dépaysement.
UN PEU D’HISTOIRE…
De Tché yi Mpongwé à Libreville
Libreville, de par son histoire, a longtemps régné sur le Gabon. D’abord Tché yi Mpongwè, terre des Mpongwè, premier peuple bantou à découvrir les lieux, le village s’appellera ensuite Gabon à l’arrivée des Portugais sur les côtes au 16e siècle. Dès lors, une intense activité commerciale va se développer entre Sao Tomé et Tché yi Mpongwè. Les Mpongwè développeront par la suite les techniques maritimes avancées. Au début du XVIIIe siècle, les Anglais et les Hollandais chassent les Portugais et prennent possession du pays, exerçant la traite négrière. Les Mpongwè, mécontents, entrent en guerre avec les Européens qui en sortent victorieux.
Au XIXe siècle, les Français veulent s’implanter dans le pays. Aussi, en 1837, le Lieutenant Bouët Willaumez signe avec Kaka–Rapono, dit roi Quaben, et Rè–Dowé un traité permettant aux Français de s’implanter à Tché yi Mpongwè qui sera désormais placé sous la protection de la France. Ils établissent leur premier fort en 1843 à Okologo et se déplaceront dans la zone appelée Le Plateau. Le Gabon devient par la suite un comptoir destiné à lutter contre la traite négrière et à développer le commerce transatlantique. Cette période est aussi le prélude de l’installation des Fang, un autre peuple bantou.
En 1842, Tché yi Mpongwè, alors Comptoir du Gabon, voit d’abord arriver des missionnaires protestants américains qui s’installent au village Olamba, sur le site de Baraka. Ils y fondent la première mission protestante américaine et une école. Deux années plus tard, ce sont les missionnaires français qui s’installent à Okologo, ancien fort d’Aumale et y fondent la mission catholique de Sainte Marie.
Après les missionnaires, Tché yi Mpongwè voit arriver en 1849 un bateau de négriers brésiliens, «Elisia », avec, à son bord, des esclaves qui sont libérés près d’Okologo. Dès lors, Tché yi Mpongwè devient Libreville, la ville des esclaves libérés. Sa côte s’embellissait de bâtiments religieux, de ceux de la marine française, d’entrepôts et de fabriques, ainsi que de diverses maisons de commerce anglaises et allemandes.
La ville de charme
Désormais ville coloniale, Libreville se transformait en un centre urbain où étaient concentrés les investissements et où résidait l’essentiel des cadres dirigeants de l’administration coloniale. Elle était ornée de bâtiments aux styles architecturaux nouveaux, plus écologiques et économiques, dits « bâtiments au style colonial ». Les cocotiers, plantés par les missionnaires, ajoutaient du charme à la ville.
En 1910, Libreville passe sous l’autorité de Brazzaville qui devient capitale de l’AEF jusqu’en 1937. Ce changement administratif provoque un frein à l’urbanisation de la ville.
Le siège administratif, politique et culturel
A la fin du 19e siècle, Libreville devient la capitale du Congo français. A l’indépendance, elle évolue comme capitale politique et administrative du Gabon, position privilégiée à l’insertion des cultures africaines et européennes. La ville a abrité, en 1977, l’OUA (l’Organisation de l’Unité Africaine). Elle a été le siège du CICIBA* (Centre International des Civilisations Bantoues).
Les nouvelles constructions
Dans les années 1970, grâce au boom pétrolier, Libreville prend son envol avec la construction de nouveaux bâtiments comme la Cité de la Démocratie, le Palais Présidentiel, l’Hôtel de Ville ainsi que la réfection d’infrastructures routières, la construction du chemin de fer gabonais, le stade omnisport, l’université…
Dans les années 1980, le pays entre dans une période de récession, paralysant ainsi le développement de sa capitale. Aujourd’hui, le patrimoine historique et l’identité architecturale de Libreville d’antan sont délaissés au profit de bâtiments modernes qui s’élèvent de plus en plus haut.
LIBREVILLE D’AUJOURD’HUI
C’est à la fois la ville historique, moderne et industrielle. C’est aussi la ville culturelle, celle des espaces naturels, du balnéaire et du gastronomique.
Libreville historique est riche d’un patrimoine historique et religieux. On pourra s’y promener le long du littoral et voir la résidence de l’ambassadeur de France, les quartiers Batterie IV, Gros Bouquet, Louis et Quaben, premiers quartiers habités de Libreville. On ne résistera pas à l’attrait de la vallée de Sainte Marie, ni à celui de Montagne Sainte, village créé par les premiers esclaves libérés sur les côtes de Libreville. On continuera la visite dans la zone appelée autrefois le Plateau, constituée de la zone du Palais Présidentiel, du quartier Nombakélé, du centre ville, de la Place de l’Indépendance. On remontera le temps à London et Glass, niches de bâtiments construits en bois et sur pilotis au début du XXème siècle.
En passant par le Monument Ntchoréré, on ira à la mission protestante de Baraka fondée en 1842 par les missionnaires américains. On contemplera les piliers en bois sculptés de l’église Saint Michel au quartier Nkembo…
Libreville moderne, c’est la ville actuelle aux quartiers résidentiels, comme la Sablière, Okala, Angondjé, Haut de Guégué… C’est aussi la ville des infrastructures routières tels les boulevards et les échangeurs.
Le boulevard triomphal est bordé de bâtiments modernes comme l’Immeuble du pétrole, le Sénat, l’Assemblée nationale, l’Hôtel de Ville, le Ministère des Eaux et Forêts tout de bois vêtu, et autres. L’Institut français à l’architecture contemporaine, le grand centre commercial Casino qui garde son ancien nom local Mbolo, participent également à l’éclat des lieux.
Le boulevard de l’Indépendance, sur le littoral dans l’ancienne zone du Plateau, arbore le bâtiment de la Présidence de la République. Derrière, se trouve la zone commerciale et administrative. Un chapelet de bâtiments habille le bord de mer : Total abritant le Musée National des Arts et Traditions du Gabon, l’ambassade de France ainsi que de nouveaux bâtiments construits de façon continue.
L’aéroportinternational Léon MBA au nord de Libreville, relais avec l’extérieur, est la porte aérienne s’ouvrant sur le Gabon.
Libreville moderne, c’est aussi ce dédale de quartiers populaires aux nombreux bars et maquis, qui se mêlent aux infrastructures modernes. On peut citer les plus connus comme Rio, Nzeng Ayong, carrefour Léon Mba, Mont Bouët, Petit Paris, Akebe, Nkembo, Lalala.
Libreville des marchés, c’est Libreville des grands marchés colorés, parmi lesquels le célèbre marché Mont–Bouët, du nom que porte le quartier en l’honneur du commandant Bouët–Willaumez. C’est un marché typique où l’on fait des affaires à bon prix : aliments, tissus, vêtements, ustensiles de tout genre, quincailleries, appareils ménagers… Le marché de Nkembo est tout aussi important. Celui du Port Môle en face de la cathédrale Sainte Marie, très animé, celui d’Oloumi éloigné du centre ville, tous deux, situés en bordure de mer, sont le domaine des produits halieutiques.
Libreville gastrononomique, ce sont des spécialités gabonaises et d’ailleurs. Ces diverses gammes de cuisines font la réputation des restaurants principalement situés en bord de mer et à la montée de Louis.
Libreville culturelle. La ville est un melting pot culturel. Pendant la saison sèche, entre juillet et août, avec l’aide des Gabonais, vous pourrez assister aux différents spectacles de danses et de musiques lors de cérémonies traditionnelles mpongwè, tels le ndjèmbè, société initiatique réservée aux femmes, l’Okoukwè, réservée aux hommes, et les cérémonies liées aux retraits de deuils. Toute l’année, vous pourrez assister également à d’autres cérémonies festives : mariage coutumier, veillées de bwiti, rite initiatique d’origine du sud du Gabon, aujourd’hui pratiqué par tous les peuples du Gabon et même par certains européens. L’Institut français programme des activités culturelles : spectacles, conférences, expositions…, mettant des artistes gabonais à l’honneur. Gabon boutique, au quartier Louis et le village d’Alibandeng derrière le camp de Gaulle, organisés en coopérative, proposent des objets divers fabriqués à partir de la pierre de Mbigou et d’essences de la forêt gabonaise.
Libreville industrielle, c’est la zone d’Oloumi et de la voie express, avec leurs grandes entreprises d’automobiles, de mécaniques, celles de travaux publics jouant un grand rôle économique dans tout le Gabon.
Libreville des espaces naturels
Les amoureux de la nature s’évaderont à Akanda au nord–est de Libreville. Ils y découvriront le paradis des oiseaux migrateurs. Ils poursuivront leur évasion à l’arboretum Raponda Walker, profiteront des plages au sable blanc, bordées de cocotiers, et de la mer aux eaux cristallines. Les restaurants sur les plages des caps de Santa Clara et d’Esterias, proposent des plats de la pêche du jour.
Dans l’arboretum de Sibang au 6e arrondissement de Libreville, des promenades sont organisées pour découvrir les différentes essences, profiter de la beauté qu’offrent les orchidées, et enfin, faire des voeux à l’arbre à cadenas. On traversera l’estuaire du Komo pour se rendre à la Pointe Denis, où plages et lodges offrent calme et détente. Plus au sud le campement de Nyonyé organise des balades à la découverte des buffles, des sitatungas, des éléphants, des singes…